Le stress

Définir le stress

Quand nous sommes confrontés à un danger immédiat, un stress soudain, notre cerveau nous aide à adopter une réaction de protection. Nichée au cœur de notre cerveau, une petite glande, l’amygdale, est là spécialement pour mettre en place un système de réaction face à une situation de stress. L’amygdale agit pour déclencher une alerte rapide en libérant du cortisol qui a une action immédiate sur notre corps pour l’aider à réagir face à une situation dangereuse. Les effets physiques sont rapides et visibles. Notre circulation sanguine va s’accélérer, notre digestion va ralentir… nous sommes prêts à affronter ou fuir le danger.

Une autre partie de notre cerveau nous aide face au stress, le cortex pré-frontal. Il est en relation avec l’amygdale. Il temporise le danger, le stress de la situation, il nous aide également à récupérer notre calme après une situation réellement dangereuse. Le cortex pré-frontal constitue un gardien précieux pour évaluer la part réelle du danger ou du stress que notre amygdale a détectée. L’amygdale ne peut pas répondre à chaque situation de stress, nous serions rapidement épuisés. Le cortex pré-frontal nous aide à adapter la réponse face à une situation stressante. Nous pouvons ainsi réguler notre stress.

Les enfants et les adolescents ne sont pas encore en mesure de gérer de manière autonome leur stress. Le lien amygdale/ cortex préfrontal n’est encore complètement opérationnel comme dans le cerveau d’un adulte. Une étude montre que l’entourage proche a également une action bénéfique en cas de situation de stress chez un enfant. L’entourage familial, l’enseignant à l’école, l’animateur sportif aident de par leur présence l’enfant à être moins anxieux.

Pour aller plus loin: Have No Fear, the Brain is Here! How Your Brain Responds to Stress https://kids.frontiersin.org/article/10.3389/frym.2017.00071

Le stress à l’école

Les différentes formes de stress

Daniel Fabre définit deux sortes de stress à l’école :

  • le stress occasionnel : par exemple, un exercice chronométré génère un stress qui peut stimuler la performance.
  • le stress chronique : c’est un stress qui évolue sur la durée et est généré par une pression sur les élèves comme celle de la charge de travail ou des exigences des enseignants ou des parents. L’élève se met alors une pression en lui-même qui l’entraine à ne plus accepter de se tromper, à angoisser face aux erreurs ou à ne pas participer pour ne pas prendre de risques. Les élèves se retrouvent alors dans une détresse face aux exigences de performance, qui à terme abîment l’estime de soi et écornent la confiance. Ce stress peut également provoquer un sentiment négatif par rapport à l’école et un rejet des apprentissages par une stratégie d’évitement (comportement perturbateur par exemple).

Ce stress chronique entraine de multiples manifestations psychosomatiques : maux de ventre, de tête, trouble du sommeil, irritabilité…

Source : Daniel Fabre, Stress et apprentissage, Animation et Education, 2014

Un climat de classe stressant

De nombreux élèves et enseignants évoluent dans un climat de classe stressant :

Nous avons recueilli des témoignages d’enfants qui souffrent des cris souvent quotidiens de leurs enseignants. Nous avons recueilli des témoignages de parents qui souffrent qu’on crie sur leurs enfants. Nous avons recueilli des témoignages d’enseignants qui souffrent et culpabilisent lorsqu’ils s’emportent contre leurs élèves mais sont démunis et ne savent pas comment faire autrement.

Le cri ne devrait pas être banalisé. Le cri est un acte violent. Le cri est destructeur. Le cri engendre un climat de peur et de stress néfaste aux apprentissages.

D’après une étude parue dans Child Development, l’exposition aux cris augmenterait les risques de dépression et d’agressivité des enfants : «  Les cris perturbent la construction des enfants et des adolescents. Lorsque vous criez, cela nuit à l’ image de soi des enfants. Cela leur fait sentir qu’ils ne sont pas capables, qu’ils sont sans valeur et sont inutiles.« 

Crier ne permet pas d’asseoir réellement son autorité. Il est essentiel de trouver des solutions pour en sortir.

Source : Wang, M. T., & Kenny, S. (2014). Longitudinal links between fathers’ and mothers’ harsh verbal discipline and adolescents’ conduct problems and depressive symptoms. Child Development, 85, 908-923.

Comment prévenir le stress

Un exemple québécois : le programme de prévention Dé-stresse et progresse

Au Québec, un programme de prévention du stress à l’école est mis en place dans des écoles primaires et des collèges. Ce programme Dé-stresse et progresse propose des ateliers aux élèves pour apprendre ce qu’est le stress, comment le reconnaitre et comment s’y adapter en développant des stratégies pour répondre au stress : chaque atelier comporte une partie théorique durant laquelle les élèves vont acquérir des connaissances sur le fonctionnement du stress au niveau cognitif et corporel puis une partie pratique sous forme de jeux de rôles et d’expériences.

Le programme semble avoir des effets positifs sur les performances cognitives des élèves, sur leur concept de soi ainsi que sur la réduction des symptômes dépressifs.

Plus d’informations : www.stresshumain.ca/

Créer un espace CARE

Penser et créer un climat de classe moins stressant pour les élèves, c’est leur permettre d’évoluer dans un environnement serein

  • qui instaure des relations basées sur l’estime et le respect ;
  • qui instaure l’empathie ;
  • qui instaure le dialogue et l’écoute et ouvre des espaces de parole ;
  • qui laisse la place à l’erreur, aux essais, aux hésitations ;
  • qui laisse le temps d’apprendre, de mémoriser ;
  • qui favoriser les activités, les projets qui permettent aux élèves de s’impliquer activement.

Penser et créer un climat de classe moins stressant pour les élèves, c’est aussi laisser une place à la bonne humeur et au rire dans la classe. Etre heureux à l’école, ressentir de la joie, c’est semer des graines pour cultiver le plaisir d’apprendre.

Penser et créer un climat de classe moins stressant pour soi, enseignant, c’est se former et développer ses compétences socio-émotionnelles :

  • Réfléchir à ses représentations de soi, de la classe et des élèves
  • Réfléchir à l’adéquation entre ses valeurs et ses actes
  • Réfléchir à sa posture et à sa conception de l’autorité
  • S’ouvrir à ses émotions : les identifier et apprendre à les réguler
  • Développer des techniques pour garder son calme : respirer, lâcher prise
  • Développer des techniques de communication et de gestion des conflits