Le bien être

Définir le bien-être

Konu et Rimpelä (1) font reposer le bien être à l’école sur quatre dimensions essentielles : le having, le being , le loving et la santé (health) :

– Le having regroupe les conditions matérielles proposées aux élèves (notamment l’organisation, l’environnement, les espaces d’apprentissage) ;

– Le being regroupe les conditions qui permettent aux élèves d’être autonomes, de pouvoir être force de proposition, de pouvoir prendre des décisions, d’avoir confiance en eux ;

– Le loving concerne l’interaction entre les individus de l’établissement : la qualité de la relation entre les élèves, entre les élèves et les adultes ; la communication entre les individus ;

– La dimension de la santé regroupe la santé physique et psychique des élèves (fatigue, stress…) ;

A travers ce modèle, Konu et Rimpelä mettent en évidence que les conditions d’enseignement et d’apprentissage ont des effets importants sur le bien être et que le bien être a des effets importants sur les apprentissages.

Cette relation marquée entre bien être à l’école et performances scolaires apparaît dans de nombreuses recherches internationales. (2)

(1) Konu A. et Rimpelä M. (2002), « Well-Being in schools: a conceptual model », Health Promotion International, vol. 17,

(2) Cnesco (2017). L’école française propose-t-elle un cadre de vie favorable aux apprentissages et au bien-être des élèves?Dossier de synthèse, p33-34. https://www.cnesco.fr/fr/qualite-vie-ecole /

Le bien être des élèves, un thème qui intéresse et qui interroge

Le bien-être occupe le devant de la scène depuis une vingtaine d’années.

L’article 29 de la Convention relative aux droits des enfants appelle à ‘favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités’.

La notion de bien-être et de qualité de vie est abordée par l’OCDE depuis plusieurs années.

Comment va la vie? Mesurer le bien-être , un rapport de l’OCDE en 2017

Le dernier rapport PISA (1 ) en janvier 2018, est consacré au bien-être des élèves. Selon la définition retenue dans ce rapport, le bien-être des élèves renvoie aux qualités psychologiques, cognitives, sociales et physiques dont les élèves ont besoin pour vivre une vie heureuse et épanouissante. On examine le bien-être des élèves à travers plusieurs composantes:

  • des résultats scolaires
  • des relations avec leurs pairs et leurs professeurs
  • de leur vie de famille
  • de leurs activités extra-scolaires
de bonnes relations avec ses pairs et avec son professeur favorisent le bien-être

Il apparaît que des bonnes relations avec le professeur sont un facteur important de bien-être. Le stress est régulièrement mentionné, cette peur de ne pas réussir est mise en lien avec les performances scolaires. Autre point marquant, il existe un lien entre les pratiques, les comportements, le mode de communication du professeur et l’anxiété de l’élève.

L’UNICEF publie le bilan Innocenti, un bilan régulier et détaillé des conditions de vie et du bien-être des enfants et des adolescents pour 21 pays. Ce bilan est mitigé pour la France, qui est classée 16e sur 21 en terme de bien-être éducationnel quand figurent en tête de classement les Pays-Bas et la Suède . Parmi les composantes pour évaluer le bien être éducationnel, on retient par exemple les résultats scolaires à l’âge de 15 ans.

Il n’y a pas de rapport direct entre le niveau de bien-être de l’enfant et le PIB par habitant. La République tchèque, par exemple, obtient un bien meilleur classement général que plusieurs pays nettement plus riches dont la France, l’Autriche, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. (2)

(1) Synthèse PISA: https://www.oecd-ilibrary.org/education/resultats-du-pisa-2015-volume-iii/synthese_9789264288850-3-fr

(2)bilan Innocenti UNICEF: https://www.unicef-irc.org/publications/pdf/rc7_fre.pdf

Le bien être enseignant

Dans un rapport paru en 2016, le Cnesco s’interroge sur la qualité de vie des enseignants et sa relation avec celle des élèves.

Pour le Cnesco, la question de la qualité de vie à l’école doit être appréhendée de manière globale et il est nécessaire d’être attentif au bien être de toute la communauté éducative et en premier lieu celui des enseignants. Prendre en compte la qualité de vie des enseignants est essentiel pour créer un climat favorable aux apprentissages et à la réussite de tous : plusieurs travaux de recherche (Truchot, 2004; Dorman 2003) montrent que l’épuisement et le mal être professionnel ont des conséquences sur les apprentissages et le bien être des élèves dans la classe.

Dans son rapport, le Cnesco synthétise les différentes études sur le bien être enseignant et le relie à 4 facteurs:

  • la qualité des interactions avec les élèves
  • le sentiment d’efficacité et la qualité de la formation initiale et continue
  • la qualité du climat scolaire
  • la qualité de l’encadrement des enseignants

Voici un extrait des recommandations qu’apporte Le Cnesco pour favoriser la qualité de vie des enseignants :

  • « Mettre l’accent en formation continue sur la tenue de classe et les dimensions psychosociales du métier;
  • Renforcer le sentiment d’efficacité, particulièrement chez les débutants, et pour tous les enseignants en période de réforme, déstabilisatrice pour certains (analyse des pratiques, atelier de résolution des problèmes, formation à partir des besoins);
  • Mettre en place des interventions psychosociales basées sur le travail émotionnel et l’augmentation du sentimentd’auto-efficacité (analyse des pratiques, analyse de l’activité), dont l’objectif est double : protéger d’un épuisement professionnel et favoriser le développement de relations de qualité avec les élèves,condition nécessaire à l’apprentissage;
  • Repenser les modes de recrutement : penser des modes de recrutement permettant de fournir un profil plus affiné des candidats au métier d’enseignant, de leurs potentialités d’apprentissage mais aussi de résistances aux difficultés du métier.
  • Développer un climat de sécurité psychosociale, en analysant la charge de travail, les ressources disponibles, la santé du personnel, et les conséquences sur son activité.
  • Former les chefs d’établissement à des modes de management participatif, dans une approche inclusive de l’organisation où enseignants, élèves et parents sont parties prenantes des décisions et de la vie dans l’établissement; »

Source : Qualité de vie des enseignants en relation avec celle des élèves : revue de question, recommandations, Cnesco, novembre 2016